[La sobriété numérique dans ma TPE] Quelles pratiques adopter pour limiter le stockage de données inutiles ?
Les services de Cloud computing, comme Dropbox (2008) et Google Drive (2012), sont entrés dans le quotidien des entreprises dans la première moitié des années 2010.
Il faut dire que la technologie a révolutionné notre façon de stocker et de partager les fichiers en remplaçant, du moins dans la majorité des usages, les disques durs encombrants et la sauvegarde de bandes magnétiques. Nos données sont accessibles partout, à tout moment, d’un simple clic.
Mais cette facilité d’utilisation absolue et le côté immatériel de la chose nous font parfois oublier une réalité : contrairement à ce que son nom suggère, le « Cloud » n’a rien d’immatériel. Nos données ne flottent pas quelque part, dans les nuages. Elles reposent dans des infrastructures bien tangibles… et particulièrement polluantes.
Le stockage sur le Cloud émet 1.5 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale
Le Cloud est porté par un réseau de plus de 7.2 millions de centres de données énergivores disséminés à travers le monde.
Ces usines numériques engloutissent des quantités astronomiques d’électricité et des milliards de litres d’eau pour leur refroidissement : chaque année, le Cloud émet autant de CO2 que Hong Kong, Singapour, le Bangladesh, les Philippines, le Sri Lanka et la Mongolie réunis[i].
Selon une étude de l’Université de Lancaster, le Cloud serait responsable de 1,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit au moins 100 millions de tonnes par an[ii].
Cette empreinte écologique massive est souvent ignorée car peu intuitive : on conçoit assez facilement qu’une usine, qu’un avion ou qu’un SUV pollue. Mais l’idée qu’un gros fichier qui traîne sur Google Drive émet du CO2 (par l’électricité et l’eau consommées par le Data Center qui l’héberge) n’est pas forcément accessible sans un certain effort de documentation.
La sobriété numérique à l’échelle d’une TPE : y a-t-il vraiment un intérêt pour la planète ?
On pourrait se dire qu’à l’échelle d’une TPE, l’impact écologique du stockage des données sur le Cloud est négligeable. « Mes quelques données ne sont rien en comparaison avec ce que stocke une grosse PME ou un grand groupe ».
Ce questionnement est légitime, mais il n’est pas toujours juste. Selon son secteur d’activité et son organisation, une TPE peut parfois stocker davantage de données sur le Cloud qu’une grande PME, voire qu’un groupe industriel. Par conséquent, l’impact environnemental de ses données stockées sur le Cloud sera plus élevé.
Quelques exemples :
- Un photographe indépendant peut facilement accumuler des téraoctets de photos et de vidéos haute définition sur le Cloud ;
- Une start-up de développement d’applications stocke de multiples versions de code, des bases de données de test et des fichiers de conception. Elle peut rapidement surpasser le stockage Cloud d’une grosse PME industrielle ;
- Un cabinet d’architectes : les plans 3D, les rendus HD et les dossiers clients volumineux peuvent représenter une quantité de données supérieure à celle d’une grande entreprise ;
- Une agence de communication digitale : entre les fichiers vidéo source, les créations graphiques et les archives des campagnes, son stockage peut dépasser celui d’un groupe de distribution.
La quantité de données stockées dépend donc davantage de la nature de l’activité que de la taille de l’entreprise. Ainsi, même en tant que TPE, votre démarche de sobriété numérique peut avoir un impact significatif sur l’environnement et sur les coûts si vous dépassez le seuil de stockage des offres gratuites de votre fournisseur de services Cloud. Mais comment mettre en œuvre une démarche de sobriété numérique sur le Cloud ?
1. Auditer et supprimer régulièrement les fichiers obsolètes
Objectif : réduire le volume de données stockées en éliminant les fichiers qui ne sont plus nécessaires pour minimiser l’empreinte carbone et améliorer l’efficacité du stockage.
Voici comment faire :
- Établir un calendrier d’audit trimestriel ou semestriel ;
- Identifier les types de fichiers à cibler (anciens projets, versions obsolètes, etc.) ;
- Trier les fichiers par taille pour repérer rapidement les plus volumineux ;
- Impliquer chaque équipe dans la revue de ses dossiers respectifs ;
- Archiver hors ligne les fichiers volumineux non-utilisés mais sur lesquels nous avons un doute (potentiellement utiles à l’avenir) ;
- Mettre en place un processus de validation avant la suppression définitive ;
- Documenter les décisions de suppression pour assurer la traçabilité.
2. Compresser systématiquement les fichiers volumineux
Objectif : réduire l’espace de stockage occupé par les fichiers de grande taille pour diminuer la consommation énergétique des centres de données et réduire le temps de transfert de ces fichiers. Il y a également un intérêt de référencement naturel (SEO) si ces fichiers sont destinés à être hébergés sur votre site web (ou celui de vos clients).
L’idée est de compresser ou convertir certains formats volumineux en d’autres formats si le rendu final le permet. Appuyez-vous sur le tableau suivant.
Format à compresser | Format de destination | Gain potentiel en taille de stockage | Outils qui permettent de le faire |
JPEG | JPEG (qualité 80 %) | 30 – 50 % | Adobe Photoshop, GIMP, ImageMagick |
PNG | JPEG | 50 – 80 % | Adobe Photoshop, GIMP, ImageMagick |
JPEG/PNG | HEIF/HEIC | 40 – 50 % | ImageMagick, macOS Photos app |
PDF optimisé | 40 – 60 % | Adobe Acrobat, PDFsam | |
DOCX | 50 – 70 % | Microsoft Word, Google Docs | |
MP4 (H.264) | MP4 (H.265) | 40 – 50 % | HandBrake, FFmpeg |
Fichiers divers | ZIP/RAR | Variable, jusqu’à 90 % pour le texte | 7-Zip, WinRAR |
PNG (web) | PNG optimisé | 50 – 70 % | TinyPNG, ImageOptim |
TIFF | JPEG | 70 – 90 % | Adobe Photoshop, GIMP |
WAV | MP3 | 60 – 70 % | Audacity, FFmpeg |
⚠️ Attention |
La compression n’est pas toujours appropriée. Certains cas nécessitent de conserver les fichiers originaux, notamment pour les images PNG avec fond transparent, pour l’impression en haute définition, ou pour les fichiers RAW en photographie professionnelle qui permettent un traitement approfondi de l’image. Évaluez toujours les besoins du projet avant de compresser. |
3. Optimiser la structure des dossiers et la nomenclature des fichiers
Oncherche ici à éviter la prolifération incontrôlée des fichiers et des versions qui encombrent le stockage Cloud.
Objectif : éliminer les doublons, les versions multiples éparpillées dans différents dossiers et les fichiers « orphelins » dont personne ne connaît l’utilité. En structurant clairement l’information, on facilite non seulement le nettoyage mais on prévient aussi l’accumulation future de données superflues et redondantes. C’est d’ailleurs l’une des principales causes de gaspillage de stockage Cloud dans les entreprises.
Comment faire :
- Établir une arborescence claire et logique des dossiers ;
- Créer une convention de nommage des fichiers (exemple : Date_Projet_Version) ;
- Utiliser des tags ou des métadonnées pour faciliter la recherche ;
- Centraliser les fichiers partagés pour éviter les copies multiples ;
- Mettre en place un système de versionnage clair pour les documents évolutifs ;
- Former les employés à cette nouvelle structure et à son utilisation ;
- Réaliser un audit mensuel pour s’assurer du respect de ces règles.
4. Archiver hors-ligne les données rarement consultées
On vise ici à réduire la consommation d’énergie des serveurs Cloud en déplaçant les vieux fichiers peu utilisés sur un disque dur physique dans vos locaux. Moins de données sur le Cloud = moins d’énergie consommée par les Data Centers :
- Investissez dans un disque dur externe de grande capacité (4 To par exemple) ;
- Branchez-le sur l’ordinateur ;
- Identifiez les fichiers non utilisés depuis plus d’un an sur votre Cloud ;
- Téléchargez-les sur le disque dur externe, vérifiez que le transfert s’est bien déroulé en ouvrant la version du fichier sur le disque dur ;
- Supprimez ces fichiers du Cloud ;
- Rangez le disque dur dans un tiroir sécurisé du bureau ;
- Créez un fichier texte listant le contenu de ce disque dur ;
- Répétez l’opération tous les ans.
5. Sensibiliser et former les employés à la sobriété numérique
Objectif : faire comprendre à chaque collaborateur l’impact de ses habitudes de stockage sur l’empreinte carbone de l’entreprise et les coûts associés. C’est la clé pour inscrire la sobriété numérique sur la durée et l’ancrer progressivement dans l’ADN de l’entreprise :
- Organisez une courte réunion (30 minutes max) pour présenter les enjeux et les nouvelles pratiques ;
- Créez une fiche récapitulative des bonnes pratiques à afficher près des postes de travail ;
- Intégrez un module sur la sobriété numérique dans le processus d’accueil des nouveaux salariés ;
- Désignez un « référent sobriété numérique » dans l’équipe, responsable de rappeler les bonnes pratiques ;
- Partagez mensuellement les statistiques d’utilisation du stockage cloud pour montrer les progrès réalisés ;
- Si possible, incluez la sobriété numérique dans les objectifs annuels de l’équipe, avec des indicateurs mesurables (nombre fichiers obsolètes détectés et supprimés, nombre de fichiers redondants supprimés depuis la mise en place des nouvelles mesures, etc.).
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[i] https://www.computerweekly.com/blog/Green-Tech/Why-we-can-no-longer-afford-to-overlook-the-environmental-impact-of-the-cloud